Editorial 


 

Le temps  file  à toute allure.

Déjà le temps de la saison suivante,  pour ce jeune Cri du silence.

 

L’année précédente a été marquée par de terribles événements, aussi bien en France que dans le monde. La presse s’est tout à coup emparée de sujets sur lesquels nous travaillions depuis longtemps au Cri du silence, à travers différents projets de création.  

Ceci a donc renforcé note volonté de poursuivre dans cette voie. Nous constatons que l’actualité n’est jamais loin de nos travaux, elle nous suit de près, nous dépasse parfois. 

 

Le Cri du silence affronte lui aussi des épreuves, franchit des étapes, mène ses expériences, et comme pour toute expérience, accepte une prise de risques. Nous aimons cette insécurité dans le travail car elle avive, me semble-t-il, la créativité. Nos « artistes-chercheurs » tout comme les scientifiques, se questionnent, observent le monde qui les entoure, essaient de comprendre, de soulever des interrogations. La dernière phase de la recherche est sans doute l’une des plus passionnantes : partager notre travail avec le public. L’échange avec les spectateurs est une phase finale qui donne tout son sens à la création.

 

Cette nouvelle année sera guidée par le thème de la rencontre, avec des « Décriptages » plus nombreux.

Pour donner la parole et échanger, rien de mieux en effet que de se retrouver autour d’un moment convivial tel que le « décriptage ».

 

 

La démarche ne change pas, mais le concept évolue.

Nous tenons toujours à proposer des lieux ou des artistes peu connus, des théâtres parisiens peu fréquentés, des créations qui « prennent la parole », qui engendrent une réflexion, individuelle et collective.

Le cœur du « décriptage » reste le même : l’expérience artistique et humaine, l’accessibilité au théâtre, la lutte contre la solitude, la rencontre  entre personnes de  profils et générations différents, autour d’une même curiosité : le théâtre.  

Ainsi, vous pourrez découvrir cette année des spectacles dans des lieux tels que le « Théâtre des arts de la marionnette », le «Tarmac », ou encore des créations innovantes au « Théâtre Ouvert », à « La Loge » et au « Monfort ».

 

Une véritable diversité vous est donc proposée tout au long de la saison avec neuf spectacles à voir, de riches échanges à alimenter, autour d’un verre.

 

Par ailleurs, le Cri du silence continue d’exister comme un espace de création.
En effet, en dehors des « décriptages », le Cri du silence continue de produire ou d’initier des spectacles.

Cette année, un nouveau projet voit le jour. Un spectacle en construction sur le thème du « monde rural ». Forcés de constater que ce thème est absent des grandes salles (surtout en milieu urbain) et qu’il est de plus, rarement abordé de manière extérieure, le défi s’est transformé en belle aventure en perspective. A partir de témoignages réels, le spectacle s’écrira avec les voix et les corps des comédiens de la troupe permanente.

 

Puisque nous évoquons la troupe . . .

 

Le Cri du silence, c’est aussi cette troupe de comédiens. Ils sont recrutés par la direction artistique, essentiellement sur les critères de rapprochement aux valeurs de la compagnie, de personnalité et de démarche artistique.  

Nous ne voulons pas pour autant que les choses soient figées. Les comédiens sont renouvelés ou non chaque année. Nous discutons avec eux afin de voir s’il serait intéressant qu’ils restent dans la troupe. Cela peut-être une aventure longue ou brève. Nous tenions à garder cette possibilité de liberté, de légèreté et de fluidité. Il ne s’agit donc pas d’une troupe poussiéreuse que ce mot « troupe » nous évoque parfois, mais bien de profils, de visages, d’artistes que nous aimons et qui se rassemblent à un moment de leur parcours au sein d’une même zone de travail et de réflexion : le Cri du silence.

 

Ces comédiens, justement, sont amenés à lire des textes.

 

Effectivement, au Cri du silence, le texte est au cœur du projet. Il est notre premier outil de travail. Nous lui accordons une place extrêmement importante dans nos créations.

C’est parce que nous sommes tant attachés aux mots, que nous proposons plusieurs lectures au fil de la saison, dans des lieux quelquefois insolites. La programmation n’est pas définie par avance.

Nous aimons nous rapprocher ainsi du public, faire entendre des textes et les voix de nos comédiens dans une certaine intimité.  


Depuis 2012, plusieurs textes sont nés au sein de la compagnie. Nous espérons que les auteurs ne cessent jamais d’écrire et que ces livres trouvent leur place au Cri du silence.


 

Pour finir,  je tiens à vous rassurer, le projet de festival n’est pas mort. Bien au contraire, il se construit peu à peu grâce aux artistes associés. Le thème reste le même « le monde s’effondre sans prévenir ». Deux metteurs en scène, trois réalisateurs et un auteur proposeront en 2017 une création sur le thème. Encore une grande aventure en perspective.


Nous espérons que cette saison vous apportera de belles surprises et d’étonnantes découvertes.

 

Toute l’équipe a travaillé sur la restructuration du projet du Cri du silence, car nous voulons que rien ne puisse se figer, se répéter et s’installer dans une mécanique rouillée. Chaque année, celui-ci est réinventé et ne cesse jamais d’évoluer, de renaître, de se construire pas à pas.

J’aime toujours le mot « construction » pour évoquer notre travail. En effet, le temps est un temps de construction artistique et humaine.

 

L’idée d’une « prise de parole » ne nous quitte jamais. Mais nous voulons surtout partager cette parole avec vous, vous la redistribuez.

 

 

Merci encore à tous ceux qui suivent notre chemin et le renforcent par leur générosité, leur engagement et leur créativité. 

 

Héloïse Deforges, Directrice artistique. 

17 août 2015



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